L’économie circulaire est un système économique d’échange et de production qui, à toutes les étapes du cycle de vie des produits, vise à réduire la consommation de ressources matérielles et énergétiques, afin de minimiser l’impact sur l’environnement et de garder les activités anthropiques compatibles avec la biosphère. Pour y arriver, l’ADEME recommande différents types de stratégies comme la réduction de la consommation (écoconception, sobriété), l’optimisation de l’usage des ressources (allongement de la durée de vie des produits, consommation collaborative) ou encore la circularité des produits en fin de vie (réemploi, réutilisation/reconditionnement, recyclage, valorisation énergétique).
La recherche à l’Institut Fayol explore les interactions entre l’économie circulaire et la notion de territoire, qui repose sur deux conceptions principales : celle axée sur la technique, liée à la dimension matérielle du territoire, et celle incluant l’humain, englobant les aspects organisationnels, sociaux, culturels et économiques. En intégrant ces perspectives, l’Institut Fayol propose une approche systémique, envisageant le territoire comme un système complexe d’interactions entre acteurs humains, systèmes techniques et écosystèmes naturels, favorisant ainsi des changements de pratiques vers une meilleure interconnexion entre les deux.
Dans cette optique, l’Institut Fayol développe des recherches qui abordent différents aspects liés à l’économie circulaire : l’écologie industrielle et territoriale, la valorisation des déchets ressources et les approches basées sur la sobriété (innovations contraintes par les ressources (ICR) et démarches low-tech).
- Ecologie industrielle et territoriale (EIT) et valorisation des déchets-ressources
En réponse à l’importance croissante de l’économie circulaire comme stratégie de développement économique, notamment face aux défis environnementaux et sociaux, la démarche méthodologique et l’outil ADALIE, développée avec MACEO et mise en application avec NymphéA, vise à soutenir les acteurs territoriaux dans le développement d’initiatives locales innovantes pour soutenir la mise en œuvre de stratégie d’économie circulaire. ADALIE cherche à soutenir et accompagner les organisations territoriales dans le déploiement et l’opérationnalisation de l’EIT à long terme et à renforcer la résilience des territoires en permettant un maillage des activités économiques mais aussi en réduisant les déchets et en optimisant l’utilisation des ressources.
Les objectifs d’ADALIE s’inscrivent dans une vision globale du territoire, l’identification des zones économiques propices au lancement de telles initiatives, et la création de partenariats public-privé. La démarche méthodologique se base sur une caractérisation du potentiel d’EIT du territoire (niveau 1 – par exemple un territoire communal) , des périmètres économiques (niveau 2 – par exemple les zones d’activités), et le potentiel, les besoins et les attentes des entreprises, avec des outils tels que la cartographie SIG et des ateliers de travail collaboratif. Chacun des niveaux, indépendant mais complémentaire, s’appuie sur des critères relatifs aux dynamiques sociales, organisationnelles, économiques, juridiques, géographiques, physiques ou environnementales.
Ces éléments permettent aux acteurs décideurs de mieux comprendre et de s’approprier les spécificités de chacune des trois échelles. En outre, ADALIE permet d’initier et de consolider des démarches d’EIT en réunissant les quatre facteurs de durabilité suivants : gouvernance, modèle économique, opérationnalité et communication.
Aujourd’hui, la démarche ADALIE® a été appliquée et a prouvé son efficacité sur une vingtaine de territoires, dans une centaine de zones d’activités et auprès de 500 entreprises.
ADALIE® s’applique désormais à des projets d’industrie, de revitalisation de centres-villes, etc., et apparaît comme l’un des rares outils d’EIT intervenant dans la phase stratégique.
En résumé, ADALIE vise à encourager les acteurs à devenir des agents de changement pour des territoires plus circulaires et durables.
- La valorisation des déchets ressources
Sur la problématique de la planification stratégique de systèmes de gestion des déchets-ressources, l’Institut Fayol développe un modèle d’aide à la décision intégrant certaines spécificités géographiques du territoire pour proposer des scénarios de valorisation adaptés. Ce modèle permet en outre d’interroger la spatialité des boucles d’économie circulaire, et notamment l’échelle spatiale appropriée, qui dépend du type de gisement de déchets (biodéchets, papiers-cartons…), du type de technologie de traitement et du territoire considéré. Il permet d’aborder les problématiques de décentralisation, dans un contexte de relocalisation territoriale des activités de production d’énergie et de matières (et notamment à partir des déchets). A termes, deux axes de recherche seront développés sur ce sujet : l’intégration de 1) la dimension temporelle, et notamment prospective dans la proposition de scénarios (en lien avec les scénarios d’évolution de la société française à horizon 2050 de l’ADEME) et 2) l’influence des compétitions entre filières de valorisation sur la disponibilité à long terme des gisements de déchets.
- Approches basées sur la sobriété
Les innovations contraintes par les ressources (IRC) visent à maximiser la valeur produite tout en minimisant l’utilisation des ressources disponibles, offrant ainsi des produits et services accessibles à un plus grand nombre de personnes. La relation entre l’économie circulaire, les politiques d’innovation et les IRC est complexe et bidirectionnelle : l’adoption de solutions éco-innovantes renforce l’efficacité des stratégies d’économie circulaire, mais les politiques environnementales et le soutien à l’innovation verte influencent également l’éco-innovation. Malgré leur potentiel, les IRC sont souvent négligées dans les politiques d’économie circulaire, bien qu’il existe des exemples de réussite aux Pays-Bas et au Portugal. Les scénarios prospectifs offrent des pistes pour intégrer les IRC dans la transition écologique, en explorant différentes visions et niveaux de contraintes. Des recherches futures devraient se concentrer sur la définition et la typologie des IRC, les facteurs et obstacles à leur adoption, ainsi que sur la mise en œuvre de méthodologies pour évaluer leurs impacts à l’échelle territoriale. En fin de compte, l’étude des IRC contribue à orienter la recherche vers une vision de durabilité forte, plutôt que faible.
Les démarches low-tech, qui constituent une catégorie possible d’IRC, connaissent une popularité grandissante en France depuis les années 2010. Elles sont à la fois un concept scientifique et un mouvement d’acteurs. Les recherches menées par l’Institut Fayol ont montré qu’elles reposent sur certains principes clés structurants, tels que l’utilisation sobre des ressources matérielles et énergétiques, la robustesse et la réparabilité des objets techniques, leur appropriation aux échelles individuelle et collective, ainsi que sur une interrogation des besoins auxquels ces objets répondent. Elles favorisent également la collaboration, l’open source et l’indépendance vis-à-vis de l’extérieur, tout en étant ancrées localement et difficilement exportables. En d’autres termes, la low-tech adopte une approche transformationnelle de la société, en accord avec une vision d’économie circulaire basée sur la sobriété et la modération volontaire, avec une priorité sur la génération de valeur sociale et environnementale plutôt que sur le profit. Les recherches menées par l’Institut Fayol sur ce sujet visent à mieux caractériser et évaluer ces démarches low-tech, ainsi qu’à intégrer ces principes dans la proposition de scénarios de systèmes territoriaux (gestion des déchets-ressources, système alimentaire) pour en évaluer les conséquences environnementales et sur la résilience territoriale.
- De la recherche à la formation
Les programmes et projets de recherche sur l’économie circulaire sont aussi l’occasion d’innover en terme de pédagogie et permettent à l’Institut Fayol de proposer des formations en lien direct avec les résultats de recherche.
L’Institut Fayol développe des enseignements dont les objectifs pédagogiques sont centrés sur l’économie circulaire et l’écologie industrielle et territoriale. Les cours visent à comprendre les concepts et enjeux de ces domaines, ainsi qu’à maîtriser les outils et méthodes nécessaires à leur mise en œuvre, notamment le métabolisme territorial et les analyses des flux de matières. L’accent est mis sur la vision globale de la gestion des flux et de son impact sur la dynamique territoriale, en tenant compte des aspects économiques, sociaux, environnementaux et de la gouvernance. Les heures de cours sont réparties entre exposés sur les enjeux, les outils et méthodes, les travaux dirigés, les conférences et les visites pour une approche pratique et illustrative. Pour compléter l’apprentissage, des jeux sérieux sont proposés, tels que Tamo Laviva et ADALIE, pour explorer les jeux d’acteurs, la négociation et les soft-skills nécessaires à la gestion des systèmes complexes. Enfin, la fresque de l’économie circulaire et d’autres activités pratiques permettent d’approfondir la compréhension des concepts et de mettre en pratique les connaissances acquises.
Focus réalisé avec Valérie Laforest et Audrey Tanguy, enseignantes chercheures au département Génie de l’Environnement pour les Organisations de l’Institut Fayol, Ecole des mines de Saint Etienne et membres de l’UMR 5600 Environnement Ville Société.
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