Ce 14 décembre, Marleine Semaan, a brillamment soutenu sa thèse intitulée « Développement et diffusion des innovations contraintes par les ressources: Application au secteur de la construction dans les pays en développement » au Laboratoire d’Economie Appliquée de l’Université de Grenoble .
Cette thèse est réalisée au sein du Laboratoire d’Economie Eppliquée de Grenoble et à l’école doctorale d’économie de Grenoble et dirigée par Mireille Matt directrice de recherche à l’INRAE et coencadrée par Michelle Mongo enseignante chercheure de l’Institut Henri Fayol, Mines Saint-Etienne, Institut Mines-Télécom et Laboratoire Coactis.
Le jury de thèse était composé de :
- Mireille Matt : Directrice de Recherche, INRAE – Laboratoire Interdisciplinaire Sciences Innovations Sociétés (LISIS)
- Michelle Mongo : Maître de Conférences, Mines Saint-Etienne, Institut Henri Fayol, Département MRI
- Vanessa Casadella : Maître de Conférences, Université de Picardie Jules-Vernes – I.U.T de l’Oise
- Patrick Llerena : Professeur, Université de Strasbourg – Faculté de Sciences économiques et Gestion
- Blandine Laperche : Professeur, Université Littorale – Centre de Recherche sur l’innovation et les stratégies industrielles
- Faruk Ulgen : Professeur, Université Grenoble Alpes – Faculté d’économie
- Christian Brodhag : Professeur Emérite, Mines de Saint-Etienne
Résumé de la thèse :
Le développement de l’innovation dans des conditions de pénurie dans les pays en développement est une préoccupation croissante dans les milieux universitaires et politiques. Pour innover dans ces contextes, les acteurs et les organisations doivent employer de nouveaux types de ressources et de compétences, ainsi que différents processus d’innovation. Les innovations à ressources limitées (ICR) émergent dans ces contextes et font face à plusieurs défis : le manque d’innovations adaptées aux besoins des populations vulnérables, la difficulté de mobilisation des ressources, notamment pour les entrepreneurs à faible revenu, et la diffusion de ces innovations.
Cette thèse porte sur les innovations contraintes par les ressources (ICR) et l’entrepreneuriat dans les environnements à ressources limitées, qui consiste à donner les moyens et les besoins à la population défavorisée pour briser le cycle de la pauvreté. L’objectif ici est de comprendre le rôle que jouent les entrepreneurs pour relever les différents défis liés aux processus d’innovation dans les pays en développement. Dans ce contexte, de nombreuses expériences d’innovations sont étudiées dans la littérature sous différentes terminologies qui sont toutes couvertes par le concept d’innovation sous contraintes de ressources. Alors que beaucoup d’attention a été accordée aux résultats de ces innovations, les processus ont reçu moins d’attention. Dans cette recherche, nous étudions les processus d’innovations contraintes par les ressources en tenant compte du contexte des pays en développement. Nous tentons de déterminer comment les acteurs locaux, et en particulier les entrepreneurs, développent et diffusent des innovations dans des contextes de contraintes de ressources et de vides institutionnels pour répondre aux besoins de la population de la base de la pyramide (BoP). Dans cet esprit, nous avons développé trois analyses. Dans le premier chapitre, nous nous concentrons sur la compréhension des processus d’innovations contraintes par les ressources qui émergent dans les pays en développement. Nous analysons les trois phases des trois processus d’innovation : invention, développement et implémentation. Nous discutons des caractéristiques qui distinguent chaque processus d’innovation et des fondements théoriques utilisés pour les étudier. La deuxième analyse se concentre sur la phase d’émergence d’une nouvelle entreprise par les entrepreneurs dans des environnements à ressources limitées. Nous examinons la littérature qui combine l’innovation et l’entrepreneuriat dans des situations à ressources limitées (approche de l’effectuation) pour apprendre comment les entrepreneurs utilisent les ressources disponibles pour créer leurs nouvelles entreprises. La troisième analyse étudie la diffusion des innovations contraintes par les ressources par la formation du marché et examine le marché de l’innovation Grassroots comme une étude de cas. Cette étude se concentre sur les processus de formation de deux segments des marchés créés par une organisation non gouvernementale, l’association de la voûte nubienne (AVN) en Afrique subsaharienne dans le secteur de la construction. Cette thèse s’ajoute au corpus de recherche en faisant le pont entre deux cadres conceptuels : l’entrepreneuriat et le processus d’innovation. Notre contribution globale à la littérature met en lumière les processus d’ICR et la nécessité de considérer l’entrepreneuriat comme une solution à de nombreux problèmes auxquels sont confrontées ces innovations dans les pays en développement.