Institut Fayol – Mines St Etienne

RIODD 2023, l’Institut Fayol participe à une session sur « Agir pour réduire l’insoutenable »

Vous pouvez proposer vos communications jusqu’au Vendredi 12 mai 2023 (minuit)

Cette session thématique abordera les questions suivantes :

  • Les paradoxes de l’action pour le développement durable
  • Les gestes et points de pression à l’encontre de l’insoutenable
  • L’écologie des actions écologique et sociale
  • Les autres, les invisibles et sans-voix ou les non-humains de la lutte contre l’insoutenable
  • La responsabilité académique face à l’insoutenable

Lire l’appel à communication

Pour en savoir plus sur le RIODD 2023

Cette session est coorganisée par Jean-Luc MORICEAU ; IMT Business School – LITEM, Pierre-Michel RICCIO ; IMT Mines Alès – LSR, Sandrine BERGER-DOUCE ; Mines Saint-Etienne – Coactis, Clément SÉHIER ; IMT Nord Europe – Clersé.

Contact pour les propositions : jean-luc.moriceau@imt-bs.eu et  riodd2023@sciencesconf.org

Cadrage scientifique 

Le but de la session est de réfléchir à notre façon d’aborder l’action pour le développement durable – envisagé non seulement à travers l’impact de l’humain sur son environnement, mais aussi en se souciant en permanence de la question du bien vivre ensemble – au milieu des paradoxes de l’action et comme une responsabilité académique mais aussi pratique.
En effet, avant que tout ne s’effondre, pour éviter que tout ne s’effondre, nous voulons agir, faire quelque chose. Et nous sommes de plus incités à être « performatifs », à ne pas seulement étudier et parler à propos du développement durable, mais à également contribuer. Toutefois, comment ne pas être frappés par les effets paradoxaux des actions pour le développement durable ? Il y a une certaine écologie de l’attention (Citton, 2014) et de l’action (Morin, 1993) qui fait qu’il dépend en fait peu de nous si nos actes seront écoutés et repris par d’autres, quels en seront les effets concrets.
Des intellectuels de différentes disciplines ont tenté de caractériser l’insoutenabilité des modes actuels d’organisation de la production et de répartition des richesses, et esquissé des pistes pour en sortir (Boidin, 2020 ; Latour, 2020 ; Ferreras, Battilana, Méda, 2020). Aussi, plutôt que de définir et dessiner les contours du développement soutenable, nous voudrions envisager, à la suite de Citton (2012), quels gestes nous pourrions d’ores et déjà accomplir pour agir contre l‘insoutenable. L’insoutenable c’est tout aussi bien l’unsustainable environnemental du saccage de la planète par un toujours plus économique, l’insupportable pression psychique vers toujours plus de rendement et de sacrifice sur le travail, l’inacceptable éthique de l’irrespect envers les plus vulnérables (précaires, femmes, âgés, excolonisés…), l’indéfendable des mesures biopolitiques qui donnent toujours moins pour le commun, l’intenable des images médiatiques qui manipulent les affects et délitent ce qui nous fait tenir ensemble.
Les gestes ne sont pas la réalisation d’un plan ou d’une image, mais l‘indication d’une direction, une mise en mouvement mobilisante, l‘amorce d’un projet que nous espérons être repris et réappropriés par d’autres. L’action contre l‘insoutenable nous semble moins à dessiner qu’à destiner, esquisser et expérimenter, par des amorces et gestes qui ont vocation à contribuer aux transitions, mais qui se composeront chemin faisant et avec d’autres, d’une façon démocratique, exploratoire. Ainsi, plutôt que concevoir comment agir isolément pour revenir vers ou reconcevoir le monde soutenable, ne s’agit pas de « faire avec » (Citton, 2021), autrement dit avec les changements déjà irréversibles, avec les autres (tous les autres) , solidairement et relationnellement.
Tous ces sujets sont en lien direct ou indirect avec des tensions latentes et saillantes, qui constituent autant de situations paradoxales à gérer pour les acteurs socio-économiques et les pouvoirs publics, et ce à de multiples échelles (de locale à globale) (Laurent, 2018). À ce titre, la théorie des paradoxes est inspirante pour revisiter la notion de soutenabilité avec un regard critique (Smith et Lewis, 2011 ; Lewis et Smith, 2014). Pour ces auteurs, les tensions sont certes contradictoires, mais aussi interdépendantes (Smith et al., 2017).Traquer les incohérences induites par la quête simultanée de la soutenabilité et du développement figure ainsi parmi les questionnements de nombreux acteurs sur le terrain qui ont parfois le sentiment d’être perdus face à des injonctions contradictoires fortes. S’agit-il uniquement de perceptions ? La question de l’efficacité et donc de la mesure des initiatives prises en matière de soutenabilité mérite sans doute également d’être posée.

Références bibliographiques

· Boidin, Bruno, 2020, “Enfin la soutenabilité forte? Économie hétérodoxe et monde post-Covid 19”, Développement durable et territoires. Économie, géographie, politique, droit, sociologie, 11(2).
· Citton Yves, 2012, Renverser l’insoutenable, Paris, Éditions du Seuil.
· Citton Yves, 2014, Pour une écologie de l’attention, Paris, Éditions du Seuil.
· Citton Yves, 2021, Faire avec : Conflits, coalitions, contagions, Paris, Les Liens qui Libèrent.
· Ferreras, Isabelle, Battilana, Julie, et Méda, Dominique (ed.), 2020, Le Manifeste travail : Démocratiser, démarchandiser, dépolluer, Paris, France : Éditions du Seuil.
· Laurent, Éloi, 2018, L’impasse collaborative : pour une véritable économie de la coopération. Paris, Les liens qui libèrent.
· Latour, Bruno, 2020, “Imaginer les gestes-barrières contre le retour à la production d’avantcrise”, AOC media-Analyse Opinion Critique, vol. 30.
· Lewis Marianne W. et Smith Wendy K., 2014, “Paradox as a metatheoretical perspective: Sharpening the focus and widening the scope”, The Journal of Applied Behavioral Science, 50(2), p. 127-149.
· Morin, Edgar, 1993, Terre-Patrie, Paris, Éditions du Seuil.
· Smith Wendy K. et Lewis Marianne W., 2011, “Toward a theory of paradox: A dynamic equilibrium model of organizing”, Academy of Management Review, 36(2), p. 381-403.
· Smith Wendy K., Erez Miriam, Jarvenpaa Sirkka, Lewis Marianne W. et Tracey Paul, 2017, “Adding complexity to theories of paradox, tensions,

 

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